Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, s’en allan les Adretz à la court, je vous ey volu fère ce mot pour vous
2advertyr de ce qui se passe de par-deçà. Monseigneur de Savoye
3eut lettres de Provence, lesqueles il envoya au seigneur Ludovic, qui asseurent
4que estant arrivé une gallère d’Espaigne qui avoyt faict party Don Gen
5d’Ostre et son armée, qui est ung signe de paix et qu’il n’y a plus de mef-
6fiance ; de par-deçà, l’on ne faict nulles levées nouvelles en Itallye. Les
7consulz de la Tour du Pin m’ont anvoyé le double des inibitions qu’il leurs
8ont esté faicte de vostre part, pour ne lever poinct sus leurs aydes.
9La despance que j’ay faicte là en faysant la levée [de] mes conpaignies, la
10somme n’et pas si grande qu’elle me puisse beaucoup endommager, et ne cera
11point trouvé desraysonable à ung conseil privé. Si ce commandement vostre
12a esté faict par inportunité des aydes et que pour le regard de ce qu’il
13avoyt esté faict sans vostre ordonance et commandement, je vous asseure, Monsieur,
14que ce n’a point esté pour les mesprizer et que je n’y voluse autant y satisfayre
15et y obeyr que gentilhome de Dauphiné ; et arey bien peu apprins si je
16ne savoye obeyr à ceux qui ont aucthorité de me commander, et quand vous ne l’auriez
17poinct vous ne leriez pas de tirer de moy la mesme amytié et obeyssance
18que vous porriez sperer de nul autre, et estimerés plus la defaveur que ce qui
19me porroyt toucher. Et quand il vous pleyrra bien savoyr de quel pied et
20affection j’ey marché à la court quand il a esté question de quelque chose
21qui vous touchat, vous trouverés que jey suis allé de telle affection ou plus
22grande que ce s’eut esté pour mon faict propre, vous en ferés en
23cela et en toutes autres choses en ce qui me concernet ce quil vous playrrois
24que vous trouverez bon. Et pourveu que vous ne le trouviez poinct mauvays, ci c’est
25à la poursuyte du procureur du pays et des aydes, je le feray disputer
26et vuyder c’il ne vous plaict le descyder. Et pour navoyr aultre chose digne
27de voz escripre, ne vous feray ceste lettre plus longue que de me recommander
28bien humblement à vostre bonne grace, priant Dieu,
29Monsieur vous donner en parfaicte santé, bonne et longue vie. De Thurin,
30ce VIIIe jour d’aoust.
31Votre très humble allié et
32afesionné serviteur des adrés